Chantier Charles de Gaulle : la refonte à mi-vie

Chantier Charles de Gaulle : la refonte à mi-vie

23 January 2019 Defense Naval Story

Nous vous invitons à découvrir, chaque semaine et en images, le chantier exceptionnel de la refonte à mi-vie du Charles de Gaulle.

Un chantier exceptionnel

Épisode 1 : Après avoir effectué l’équivalent de 30 tours du monde et 41 000 catapultages en 15 années d’activité opérationnelle intense, une rénovation en profondeur était nécessaire pour garantir au porte-avions Charles de Gaulle son excellence opérationnelle pendant les 20 prochaines années.

Cette refonte à mi-vie a comporté des rénovations sans précédent et une densité de travaux qui ont donné au chantier une complexité inédite. Naval Group a été le maître d’œuvre unique de l’ensemble du chantier. Nous avons assuré la cohérence des études, géré les interfaces avec les autres intervenants industriels ou étatiques, planifié et coordonné les tâches, qu’elles soient réalisées par le bord, les sous-traitants ou Naval Group. C’est un programme hors norme, tant en termes de charge que de délais puisque 200 000 tâches et 2 000 essais ont été réalisés dans le temps imparti, qui était seulement de 18 mois ! Plus de 4 millions d’heures de travail ont été nécessaires pour relever ce challenge.

Ce véritable défi industriel a nécessité une organisation exceptionnelle afin de réaliser la coordination d’ensemble en temps réel, cœur de métier de Naval Group. Ce programme d’exception a été mené par une « équipe France » alliant la Direction générale de l’armement, la Marine nationale, le Service de soutien de la flotte, l’équipage du porte-avions et les acteurs de l’industrie française. Pour que cette opération soit un succès, les acteurs clefs ont commencé à travailler de concert sur le programme 5 ans avant le début du chantier.

Naval Group a travaillé avec de grands équipementiers du secteur de la défense comme TechnicAtome, Thales ou Safran, des entreprises généralistes mais aussi avec des PME issues majoritairement du tissu industriel local et régional. Plus de 2 000 personnes ont travaillé au quotidien sur ce chantier, avec 1 000 industriels (Naval Group et 160 entreprises sous-traitantes, leaders dans leurs domaines d’activités) et 1 200 membres de l’équipage du porte-avions.

La refonte à mi-vie du Charles de Gaulle est un chantier exceptionnel et nous vous invitons à le découvrir, en images, dans les épisodes de la série qui lui est consacrée. Les opérations liées au nucléaire, avec notamment la visite des deux chaufferies nucléaires et le remplacement du combustible, n’ont pas été abordées pour des raisons de confidentialité. Ces opérations d’envergure ont été menées nominalement et se sont déroulées à l’abri des regards et des caméras.



S1E1 Chantier Charles de Gaulle : la refonte à mi-vie

La modernisation du système de combat

Épisode 2 : La refonte à mi-vie du porte-avions Charles de Gaulle est plus qu’une simple modernisation, c’est la garantie de conserver une avance technologique au service des intérêts de la France. Le maintien de cet avantage stratégique impose la reconfiguration et l’amplification des capacités du navire, pour une endurance et adaptabilité accrues face aux menaces d’aujourd’hui et de demain.

La modernisation du système de combat représente l’une des plus importantes évolutions du bateau car elle offre au porte-avions un gain capacitaire indéniable pour ses futures missions, avec notamment une détection accrue qui lui permettra d’appréhender au mieux son environnement.

Le Central Opérations a fait entièrement peau neuve et a été équipé des moyens les plus modernes. Toutes les informations y sont traitées par un tout nouveau système d’exploitation naval des informations tactiques, le SENIT 8, développé par Naval Group, qui récupère les données des senseurs, élabore une situation tactique et met en œuvre les armes.

La modernisation du système de combat a également permis la mise en place de nouveaux réseaux numériques, la rénovation des systèmes de communication et le changement de radars de veille aérienne et de navigation.

Les maîtres mots de la rénovation du système de combat sont « anticiper » et « innover » ! Tous les nouveaux systèmes ont été testés sur des plateformes d’intégration à terre avant de les intégrer à bord. Cette organisation a été indispensable pour la réussite de ce chantier.

La refonte à mi-vie du porte-avions Charles de Gaulle est également synonyme de passage au « tout Rafale Marine »… Retrouvez les détails et les explications de cet autre enjeu majeur dans le prochain épisode.



S1E2 Chantier Charles de Gaulle, la refonte à mi-vie

Le passage au « tout Rafale Marine » et la modernisation des dispositifs d'aide à l'appontage

Épisode 3 : Dans le cadre de la refonte à mi-vie du porte-avions Charles de Gaulle, la modernisation des installations aviation a couvert toutes les modifications nécessaires pour le passage au « tout Rafale Marine » avec notamment la modification et rénovation de locaux aviation, ainsi que la rénovation ou remplacement de dispositifs liés à l’appontage.

Suite au retrait du service actif du Super-Étendard Modernisé à l’été 2016, la flottille embarquée du porte-avions Charles de Gaulle est passé au « tout Rafale Marine ». Tout ce qui servait à la mise en œuvre du Super-Étendard Modernisé a été retiré du navire. Le Rafale Marine étant un avion de combat plus massif et ses ailes ne se repliant pas, il a fallu adapter le hangar à cette nouvelle configuration. Par ailleurs, le Rafale étant un bimoteur, contrairement au Super-Étendard Modernisé, les opérations de maintenance des moteurs sont devenues plus nombreuses et ont nécessité la mise en place d’une nouvelle aire de travail. Les ateliers munitions ont aussi dû s’adapter.

La modernisation a également permis la mise en place de nouveaux équipements d’aide à l’appontage, avec notamment un nouveau miroir d’appontage permettant de guider le pilote jusqu’à sa phase d’approche finale, et un nouveau dispositif d’aide à l’appontage laser assurant la détection et le suivi des avions en approche. Enfin, la plateforme de l’officier d’appontage a aussi été modernisée au niveau de son pupitre qui recueille l’ensemble des informations émanant des nouvelles installations optiques d’aide à l’appontage.

Le passage au « tout Rafale Marine » permet de faciliter l’organisation à bord en matière de maintenance et de mise en œuvre des avions. Le bateau a également acquis un gain de place dans la mesure où le bord n’est plus contraint de stocker les équipements attachés à deux avions différents.

Mais les travaux de modernisation ne s’arrêtent pas là, ils ont aussi concerné la plateforme, une rénovation majeure que nous vous invitons à suivre dans l’épisode 4.



S1E3 Chantier Charles de Gaulle, la refonte à mi-vie

Les travaux plateforme et le système automatique de tranquillisation et de pilotage SATRAP

Épisode 4 : La rénovation de la plateforme du Charles de Gaulle a comporté des travaux majeurs, avec notamment la modernisation des automates de conduite du navire, la refonte du simulateur de conduite, l’installation d’un nouveau réseau de supervision de la plateforme navire qui intègrera un système de surveillance centralisée des installations et un système d’aide à la maîtrise des avaries… mais aussi des travaux de grande envergure.



S1E4 Chantier Charles de Gaulle, la refonte à mi-vie

Le remplacement de deux unités du système de réfrigération du bâtiment fut un temps fort des travaux car il a fallu découper deux brèches de 5 mètres sur 2 dans la coque du navire afin de faire sortir ces gigantesques usines de production d’eau réfrigérée, d’un poids de 11 tonnes chacune.

Naval Group a également assuré la rénovation de l’usine électrique du porte-avions avec le remplacement de disjoncteurs, les visites des tableaux principaux force, des 4 turbines alternateurs et des 4 diesels alternateurs.

Autres travaux d’ampleur, la maintenance de l’appareil propulsif avec la visite des 4 turbines haute et basse pression.

Autre opération capitale dans cette refonte à mi-vie : la maintenance des deux catapultes avec la visite des circuits et robinetterie vapeur, des collecteurs et réservoirs, mais aussi la levée des lignes de cylindres, le nettoyage des fosses, l’ajustage des 88 panneaux de fosses qui recouvrent chaque catapulte et le changement des panneaux de fosses de la catapulte avant.

Les travaux plateforme ont également porté sur la refonte totale des cuisines et de la boulangerie, avec la remise à neuf des locaux, dans le respect des nouvelles normes d’hygiène, et le changement de tous les équipements. 6 000 repas sont servis à bord chaque jour et participent pour beaucoup au moral de l’équipage !

Les travaux plateforme incluent également la rénovation du système automatique de tranquillisation et de pilotage (SATRAP) qui garantit la stabilité du pont d’envol pour l’appontage des avions, même par très forte mer.

Épisode 5 : La rénovation du système automatique de tranquillisation et de pilotage, aussi appelé SATRAP, a été un des moments forts de la refonte à mi-vie du porte-avions Charles de Gaulle. Ce dispositif français, unique au monde, garantit la stabilité du navire et donc du pont d’envol pour permettre l’appontage des avions, même par mer forte. Il est constitué d’un ensemble d’installations dont les 4 ailerons de stabilisation, les 2 safrans, et les 12 trains Cogite.



S1E5 Chantier Charles de Gaulle, la refonte à mi-vie

La dépose des quatre stabilisateurs reste une opération inédite car Naval Group n’avait jamais sorti d’ailerons d’un navire doté d’un tel profil de coque. Il a fallu concevoir des outillages spécifiques ainsi que des modes opératoires de levage associés. Les masses déplacées, 12 tonnes par aileron et 9 tonnes par mèche, dans un espace particulièrement restreint, ont rendu la manœuvre très délicate. La visite des ailerons a consisté à vérifier les articulations, le volet et à réfectionner le revêtement de chaque stabilisateur. Un contrôle de la mèche a aussi été effectué.

La dépose des deux safrans a également été une opération sensible du fait de la position en biais du gouvernail, de son poids de 14 tonnes et de sa taille, environ 6 mètres. Tout cela, à 10 mètres du sol ! Lors de la visite complète des safrans, des contrôles et reprises du revêtement composite ont été effectués ainsi qu’un travail de reprise sur les crosses de safran afin de les renforcer. Par ailleurs, une remise en état des mèches, des aiguillots et de leurs douilles, combinée à des contrôles métrologiques pour garantir un bon lignage et un fonctionnement optimal de l’installation, a été menée.

La dépose des douze trains Cogite s’est révélée être également très complexe car elle se déroule en hauteur et déplace des masses importantes. 12 trains de 12 wagons sont situés sous le pont d’envol, chaque wagon pesant 1,8 tonne soit un poids total de 22 tonnes par train. Le système Cogite est unique au monde. Il permet, grâce au déplacement des trains selon l’axe transversal du navire, de compenser la gite du navire et de mettre en œuvre la flottille embarquée, même par forte mer. La visite du système Cogite a consisté notamment à changer les câbles et les roulements des wagons, contrôler les moteurs électriques, vérifier l’ensemble des poulies, des treuils et des vérins.

Les déposes des safrans et des ailerons de stabilisation se sont déroulées dans le bassin, mais la refonte a également impliqué d’autres travaux bassin, tels la dépose des hélices, des tronçons des lignes d’arbres et les travaux de peintures. Des opérations délicates, lourdes et minutieuses, à suivre dans l’épisode suivant.

Des travaux bassin à l'épilogue

Épisode 6 : Le porte-avions Charles de Gaulle a fait une entrée réussie au bassin le 8 février 2017.
Après avoir relié le navire à une cinquantaine de flexibles d’aspiration et de refoulement pour l’alimenter en eau de mer, afin que ses installations continuent de fonctionner, les 177 000 m3 d’eau ont été vidangés (soit 47 piscines olympiques), et les échafaudages ont été dressés en fond de cale pour débuter les travaux de bassin. Parmi ces tâches, les plus dimensionnantes sont celles effectuées sur l’appareil à propulsion avec notamment la dépose des hélices et des tronçons des lignes d’arbres.



S1E6 / Chantier Charles de Gaulle, la refonte à mi-vie

La dépose de chacune des deux hélices a été une opération complexe du fait de son poids (20 tonnes), sa taille (6 mètres de diamètre) et de la hauteur de la manœuvre (10 mètres du sol). Des palans pneumatiques accrochés à des pitons soudés dans la coque du navire ont permis de soulever l’hélice et de la retirer de son logement. Des équipements logistiques spécifiques ont été nécessaires, tel un « basculeur » permettant de poser l’hélice dans une position horizontale et une plateforme élévatrice automotrice assurant la manœuvre de déplacement.
La dépose des deux premiers tronçons des deux lignes d’arbre du navire a également été délicate. Les tronçons étaient suspendus à une quinzaine de palans pneumatiques fixés sur la carène du navire. Une fois descendus, ils ont été transportés dans les ateliers d’Angoulême-Ruelle pour y être contrôlés.

Les travaux bassin, ce sont aussi tous les travaux de carénage avec notamment le décapage de la coque, l’application d’antifouling, de peinture, le remplacement des vannes de coque ou encore la réfection de la coque. À titre d’exemple, 36 500 m² de peinture ont été nécessaires : 20 000 m² pour les œuvres mortes (la partie émergée du bateau), 10 000 m² pour les œuvres vives (la partie immergée) et 6 500 m² pour le pont d’envol.

La refonte à mi-vie du porte-avions Charles de Gaulle a représenté un véritable défi industriel et il a été remarquablement relevé par chacun des acteurs de cet ambitieux programme. Retrouvez le témoignage des principaux intervenants dans le dernier épisode de notre série.

Épisode 7 : Épilogue
Les acteurs clefs de la refonte à mi-vie du porte-avions Charles de Gaulle sont venus témoigner de leur expérience, à l’issue du chantier et des essais qui ont été menés à quai et à la mer.



S1E7 / Chantier Charles de Gaulle, la refonte à mi-vie

Ils livrent leurs sentiments sur ce qu’ont été, selon eux, les points forts et les difficultés de ce chantier d’exception et attestent des relations entretenues avec Naval Group tout au long de cette extraordinaire aventure humaine et industrielle.

La Direction générale de l’armement, le Service de soutien de la flotte et le commandant du porte-avions Charles de Gaulle dressent ainsi un bilan de cet exceptionnel chantier, aux côtés des responsables de Naval Group.