La mission Bougainville est née d’une rencontre il y a dix-huit mois entre Colomban de Vargas et l’amiral Christophe Prazuck, directeur de l’Institut de l’océan à Sorbonne Université, autour d’une idée ambitieuse : réaliser une mesure planétaire et continue du microbiome océanique.
« Il existe aujourd’hui plusieurs moyens pour mesurer la physique et la chimie de l’environnement planétaire, depuis les satellites jusqu’aux robots flotteurs, mais on n’a pas d’équivalent pour mesurer en continu le vivant invisible que nous avons révélé dans les expéditions Tara », indique ce Suisse d’origine, biberonné aux documentaires du Commandant Cousteau.
« Quelques litres d’eau de mer contiennent des dizaines de millier d’espèces différentes, virus, bactéries et archées, ou eucaryotes… Imaginez une jungle dans un seau ! Sauf que c’est du vivant qui est partout, dans l’océan planétaire qui n’a pas de frontières, qui bouge très vite, au gré des courants. Avec Tara, nous avons fait une première photo globale de ce vivant. Désormais, il va falloir faire le film : comprendre comment il bouge, interagit, et évolue à travers l’espace et le temps. Car nous sommes convaincus que ce microbiome a des effets majeurs sur le macrobiome ».
Alors comment changer d’échelle et réaliser le film ?
Des outils « frugaux » relativement simples à mettre en œuvre et peu onéreux ont été développés pour la mission Bougainville qui s’inscrit dans un programme plus vaste, Plankton Planet, aussi dirigé par Colomban de Vargas. Quatre étudiants fraîchement diplômés de Sorbonne Université ont été sélectionnés pour participer à cette aventure scientifique. Formés à ces prises de mesure, ils intégreront à la rentrée l’École navale de Brest en qualité de volontaire officier aspirant (VOA). Ces premiers officiers biodiversité’ (VOAB), un statut spécialement créé par la Marine nationale, seront ensuite déployés à La Réunion et à Nouméa pendant un an. Six autres leur succèderont d’ici 2025, première échéance de la mission qui totalisera alors près de 2000 sites mesurés à l’échelle planétaire sur 2 ans. Toutes les données recueillies seront librement accessibles à la communauté scientifique internationale.
Naval Group, partenaire de la mission Bougainville
« Naval Group semblait un partenaire très logique, assure Colomban de Vargas, de par son rôle de constructeur naval. Il est de fait impliqué dans la protection de la France, le plus grand pays marin au monde. Cette volonté de protection géostratégique mais aussi environnementale nous relie, le CNRS, la Marine nationale, Paris Sorbonne Université et Naval Group. Des perspectives de coopération sont ouvertes avec d’autres marines étrangères : l’internationalisation du groupe peut nous aider à les favoriser. »
Retrouvez ici la vidéo de la cérémonie de lancement de la mission Bougainville.