[Euronaval] R&D : mesurer la performance pour légitimer nos choix

20 octobre 2020 Innovation Story

En 2020, le Concept Lab est l’un des deux espaces prévus pour la zone innovation d’Euronaval. Dédié aux bâtiments de surface, il a vocation à montrer la façon dont Naval Group réalise ses choix technologiques. Objectif : s’assurer que les navires seront dotés des capacités clés dont ils auront besoin pour être performants dans de futures opérations navales. Innovant, le Concept Lab propose un « discours de la méthode » de la démarche R&D, comme l’explique Alexis Blasselle, architecte R&D et l’une des créatrices du Lab.

Intrinsèquement cartésienne, Alexis est aussi un esprit libre qui s’émancipe des préjugés. À travers son métier d’architecte R&D, elle poursuit un objectif : apporter la preuve tangible de l’impact des choix technologiques sur la performance des navires de surface. Performance qu’il faut entendre au sens large : vitesse, durée à la mer, maintenabilité, puissance de feu, furtivité, communicabilité, cybersécurité, etc.

Un regard sans a priori

« Mon horizon se situe à̀ quinze ans environ : comment se fera la guerre du futur ? De quelles capacités opérationnelles aurons-nous besoin face à̀ des menaces protéiformes et mal connues ? Quels choix technologiques faire afin de garantir la robustesse des navires et les rendre toujours plus fiables ? L’exercice impose un regard holistique, frais et pragmatique, sans a priori, pour imaginer le navire de demain, un bâtiment adaptable, résilient et évolutif », explique Alexis Blasselle.

L’écoute, base de la réflexion

Réfléchissant en continu à l’intégration d’innovations incrémentales ou disruptives sur les navires de surface, Alexis prend pour points de départ l’écoute et l’échange. Les technologies étant une réponse à un besoin, ce dernier doit être identifié avant de commencer la recherche de solutions. « Mon point de départ, c’est le dialogue. Je discute avec les opérationnels pour comprendre leurs enjeux et savoir comment ils voient les évolutions à venir. C’est la garantie que notre innovation est guidée par la performance de nos clients ». Partant du besoin opérationnel, les réponses d’Alexis peuvent être inattendues car inversant le paradigme. « Je prends souvent l’exemple d’un navire invisible. Aucun marin ne nous le réclamera, mais si on le lui propose, il saura en faire un excellent usage car il répondra à un défi opérationnel qu’il doit relever : ne pas être vu ».

Des maths, toujours des maths

Place aux mathématiques ! Pour expliquer le choix des briques technologiques privilégiées par Naval Group, Alexis n’envisage qu’une voie : des calculs mathématiques, en l’occurrence parfois complexes, seule manière à ses yeux d’être crédible. La promesse du Concept Lab est là : démontrer la capacité de Naval Group à évaluer l’efficience des solutions technologiques sélectionnées au stade de la R&D pour répondre à des enjeux opérationnels, en calculant leur performance concrète. « Avec le Concept Lab, on démontre à la fois notre connaissance des contraintes opérationnelles et notre maîtrise des dernières technologies de pointe  comme le quantique, les matériaux innovants ou encore l’intelligence artificielle ». Le Concept Lab décline ainsi quatre scénarios opérationnels  pertinents dans des missions de lutte coopérative et dans des environnements complexes.

Concept Lab 2020 : 4 scénarios opérationnels

Lutte anti-aérienne, lutte anti sous-marine, évacuation de ressortissants et protection de plateformes pétrolières en zone économique exclusive (ZEE) sont les 4 scénarios du Concept Lab. Tous font l’objet de calculs permettant d’objectiver les choix technologiques opérés.
Le 4ème scénario, multimenaces, a permis de comparer deux types de réponses : deux Sea Strikers* en patrouille d’un côté (modèle distribué), une corvette et son hélicoptère de l’autre (modèle centralisé). Dans les deux configurations, il s’agit d’une mission de surveillance. Les menaces retenues sont un missile de type Sea Skimmer, deux embarcations de type « pirate boats » et un essaim de mini-drones suicides. Les calculs réalisés donnent des indicateurs de niveau 2 (il s’agit des mesures de l’efficacité opérationnelles de type OTAN). La solution du modèle distribué (Sea Strikers) a clairement démontré sa supériorité.

* Concept ship développé par Alexis et ses équipes en 2019, conçu avec la logique de performance .