[Chantier de la Perle] Le jonctionnement de la coque : une affaire d’experts

Antoine Butel

04 juin 2021 Naval de défense Sous-marins Innovation Story

Respectivement chef d'équipe et responsable de lot de travaux (RT) coque, Stéphane Grout et Antoine Butel partagent le même bureau sur le chantier du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Perle, auquel ils apportent leurs expériences complémentaires pour réaliser les travaux de coque et optimiser le planning des réparations. Ils évoquent le jonctionnement de la coque qui a démarré le 20 avril et mis à contribution les compétences clés du site de Cherbourg.

Une carrière mise au profit du chantier

Depuis son apprentissage chez Naval Group en 1982-83, Stéphane Grout a exercé tous les métiers liés à la coque, principalement sur le site de Cherbourg mais aussi ponctuellement à Lorient, Brest ou encore Rio. Après dix-huit ans de formage, il a occupé des postes dans le préchauffage-soudage, le formage, l'oxycoupage, le jonction-attinage-transfert, en collaboration avec les équipes de marcheurs, ou encore la fabrication des différents éléments de coque et structures de sous-marins.

Ce parcours très complet l'a conduit à prendre, en janvier 2021, la responsabilité de chef d'équipe coque sur le chantier de la Perle, qu'il occupera jusqu'à son départ en retraite en juin prochain. « Mon rôle est de fournir les ressources humaines et le matériel nécessaires aux besoins de la production, indique-t-il. Ma connaissance des différents métiers de la coque et l'important réseau dont je dispose dans chacun d'eux m'aident à évaluer le juste besoin en collaborateurs pour les différentes étapes du chantier, pour être efficace sans empiéter sur les ressources  du programme Barracuda. Avec Antoine Butel, je veille également à assurer de bonnes conditions de travail aux opérateurs que je pilote. Certains accomplissent des tâches très physiques et uniquement manuelles : il faut garantir leur sécurité et être à leur écoute pour les ménager. Par mon expérience, j'essaie d'apporter de la sérénité aux opérations, même si le rythme va rester soutenu jusqu'à la mise à l'eau. »

La planification, autre clé de réussite du programme

Entré chez Naval Group il y a quatre ans, Antoine Butel était responsable système coque pour le programme Barracuda jusqu'à la phase d’essais et d'acceptation du Suffren l'été dernier. Il a rejoint le programme Perle en octobre 2020 en tant que responsable d'études coque pour piloter les études détaillées des opérations de découpe et de jonction des sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) Perle et Saphir. Puis à la fin décembre 2020, il a pris la fonction de responsable de lot de travaux (RLT) coque pour coordonner les travaux de découpe et de jonction à accomplir en vue de la mise à l’eau de la Perle reconstituée en juin 2021.
« La complexité de ce projet est de faire tenir un enchaînement d’opérations de grande ampleur dans des délais très courts, explique-t-il. Je suis chargé d’en assurer la coordination et de veiller à ce que l’on soit toujours prêt pour l'étape suivante.

Mon précédent poste côté études m’a permis d'acquérir une vision d'ensemble sur chaque étape du projet afin d’affiner et d’optimiser le planning de réalisation.
Mon bagage technique et mon réseau m'aident à être réactif sur le terrain, pour trouver les solutions techniques facilitant le travail des opérateurs et limitant les impacts liés aux aléas. Je m’appuie également fortement sur l’expérience de Stéphane Grout et des opérateurs afin de dégager des marges dès que possible et d’organiser la coactivité sur la zone de travail, qui est très restreinte. »

Un chantier unique maîtrisé grâce à l'expertise des équipes du site

Début avril, les mouvements de tranches avaient permis d’aligner l’avant du Saphir avec l’arrière de la Perle pour permettre la jonction de coque. Ce processus avait toutefois démarré bien avant ces mouvements par l’usinage des chanfreins sur les abouts des sections et la création de nouvelles structures au niveau de la zone de jonction.
Le soudage a commencé le 20 avril avec l'accrochage et le dépôt des premiers cordons de soudure. Des opérations de meulage ont suivi pour préparer le remplissage, c'est-à-dire la phase principale de soudage de la coque sur toute son épaisseur, qui s'est déroulée toute la semaine suivante.

« Cette jonction et la préparation associée constituent une performance exceptionnelle, souligne Antoine Butel. Elles requièrent des compétences uniques qui constituent le cœur de métier du site de Cherbourg. Les charpentiers ont réglé au millimètre près une tranche de plus de mille tonnes, les meuleurs ont usiné manuellement plus de cent mètres de chanfreins avec une très grande précision. Pendant toute la phase de soudage, les préchauffeurs ont maîtrisé la température du joint réalisé par les soudeurs hautement qualifiés. Sans oublier la contribution moins visible mais indispensable des contrôleurs, des techniciens d’études et d’industrialisation, des équipes santé, sécurité au travail et environnement (SSTE), de la médecine du travail et du soutien de production.
Le bon déroulement de ces opérations dans le respect du calendrier démontre aussi l'engagement des opérateurs : ils sont passionnés par leur travail ! »

« Les équipiers partagent tous le même objectif : permettre à la Perle d'être remise à l'eau en juin, confirme Stéphane Grout. Une dynamique s'est créée pour relever ce défi technologique. Malgré un planning très dense, le travail se déroule dans une très bonne ambiance et des liens se créent sur le chantier. C'est très gratifiant de terminer mon parcours par cette mission ! »

Stéphane Grout