Après un accident de moto qui lui vaudra une amputation tibiale, Yoan Argiolas décide de se lancer dans la course d’obstacles, une manière de « se remettre debout ». Plus connue sous le nom de Spartan Race, la discipline, qui allie course à pied, franchissements d’obstacles et défis, requiert agilité, force, endurance et intelligence. L’athlète n’en manque pas. Il se fait remarquer en 2019 par le Comité paralympique et sportif français grâce à la Relève, un dispositif visant à détecter des sportifs au potentiel prometteur sur un ou plusieurs sports paralympiques, en vue des Jeux olympiques 2024 de Paris. Il s’initie alors au triathlon et pour cela, se tourne vers un club local qui met à sa disposition un entraîneur spécialisé dans le handicap. En saison haute, l’entraînement hebdomadaire peut atteindre 25 heures.
Naval Group apporte son soutien en lui faisant bénéficier d’horaires de travail adaptés et d’un aménagement de son emploi du temps en fonction de ses courses.
Les efforts payent, les médailles s’accumulent dans les deux disciplines (voir le palmarès en encadré) : courses d’obstacles (qui n’est pas une épreuve paralympique) et triathlon, mais la qualification pour les Jeux paralympiques 2024 n’aura pas lieu.
« L’année dernière, une amie sportive qui est aussi maîtresse d’école me dit qu’elle vient d’acheter un Phryge, l’une des mascottes des Jeux olympiques, les enfants ont choisi celle avec une prothèse de jambe, la même que la mienne. Elle me demande si je serais d’accord pour venir parler de mon handicap aux enfants. J’ai dit oui tout de suite. » Après une première intervention en maternelle et en primaire à Gonfaron, qui compte 200 élèves, une seconde a été organisée au collège Jean Rostand de Draguignan. « Mon but, souligne le sportif, c’est de changer le regard sur le handicap. Je suis handicapé, je fais du sport extrême. Je le fais différemment, avec une prothèse, mais c’est possible. » Il débute ses interventions par plusieurs vidéos qui le présentent en plein effort, répond aux questions « pleines de curiosité, jamais malintentionnées ». Histoire de joindre le geste à la parole, il les emmène ensuite pour un parcours proche d’une « gentille » course d’obstacles. Yoan se joint aux enfants, rassemblés par groupes. Personne n’est laissé de côté et tout le monde gagne. « À la fin, on se félicite tous. Je veux leur faire comprendre que même si je cours seul, derrière moi, il y a une équipe : mes collègues au travail qui me donnent du temps, mon prothésiste, mes sponsors, mon entraîneur et bien sûr, ma femme et ma fille. Je ne suis pas seul. En compétition, c’est pareil, il y a une grande solidarité entre athlètes. » Des messages qui portent et qui laissent des traces… Après son départ, plusieurs enfants se sont tatoué au stylo le nom de Yoan Argiolas sur le bras, lui a rapporté l’institutrice.