La livraison du Suffren est un jalon majeur du programme Barracuda, qui engage les forces sous-marines jusqu’en 2060
Lancé en 1998 par la Direction Générale de l’Armement, le programme Barracuda renouvelle la composante des sous-marins nucléaires d’attaque constituée de six SNA de type Rubis mis en service à partir du début des années 1980. Le contrat de développement associé a été notifié fin 2006. Plus de dix années d’études ont été nécessaires pour aboutir à une définition du sous-marin qui réponde au besoin opérationnel de la Marine et dont cette livraison marque le début d’une phase menant, à terme, à la reconnaissance de la qualification.
La livraison des six sous-marins s’échelonnera sur une décennie. Sachant que la durée de vie des SNA de type Suffren sera supérieure à 30 ans, ce programme engage les forces sous-marines au moins jusqu’en 2060, ce qui en fait l’un des systèmes d’armes majeurs de ce siècle.
Pierre Eric Pommellet déclare : « Que de chemin parcouru pour Naval Group et tous ses partenaires industriels et étatiques depuis la découpe de la première tôle le 19 décembre 2007, moins d’un an après la signature du contrat d’acquisition par la DGA. Les défis industriels à relever ont été nombreux. Je salue l’engagement des équipes de conception et de production de Naval Group, de TechnicAtome, maitre d’œuvre de la chaufferie nucléaire embarquée, ainsi que celles de la DGA, du CEA et de la Marine nationale. Des centaines d’entreprises françaises, petites et grandes, au premier rang desquelles Naval Group, se sont mobilisées et continuent de se mobiliser pour ce programme. Et ce premier succès ne peut que conforter notre engagement collectif pour être au rendez-vous de la livraison de la prochaine unité du programme Barracuda, le Duguay-Trouin en 2022, puis des quatre autres sous-marins d’ici à la fin de la décennie. »
La réalisation des SNA du programme Barracuda se poursuit à Naval Group, en collaboration avec ses partenaires de la base industrielle et technologique de défense
La réalisation de ces sous-marins mobilise une multitude de savoir-faire et d’expertises exceptionnels y compris dans les domaines technologiques les plus avancés.
En particulier, les aciers très spéciaux et l’acoustique sous-marine ainsi que les systèmes d’armes qu’ils emportent placent ces sous-marins parmi les plus performants au monde. Ces SNA, avec leurs moyens de navigation et de communication, et leur conduite centralisée et automatisée, sont aussi plus manœuvrables et mobiles. Autre innovation majeure : le mat optronique, qui remplace le mat télescopique, assurant ainsi une meilleure collecte d’informations visuelles et un meilleur partage de celles-ci au sein de l’équipage. Cette nouveauté, associée à des capacités de détections avancées, garantit la supériorité de ces SNA dans leurs missions de renseignement.
Les sous-marins du programme Barracuda apporteront en outre à la Marine nationale une réelle supériorité au combat, grâce à l’emport de missiles de croisière navals (MdCN) produits par MBDA, en lui permettant de disposer pour la première fois d’une capacité sous-marine de frappe de précision dans la profondeur. Ils permettent également de mettre en œuvre la nouvelle torpille lourde F21 produite par Naval Group et le missile anti-navire SM39 de MBDA. Ces SNA sont également dotés de capacités accrues de mise en œuvre discrète de forces spéciales.
Ce saut technologique et capacitaire est le résultat de l’œuvre collective de centaines de partenaires de la Base industrielle et technologique de défense qui collaborent avec Naval Group depuis plus de vingt ans. Au total, ce sont 2 500 femmes et hommes (dont environ 800 chez les sous-traitants de Naval Group) qui contribuent actuellement à la réalisation de la série Barracuda.
Tous les sites de Naval Group sont mobilisés pour la réalisation des cinq prochains sous-marins. Le deuxième SNA de la série, le Duguay-Trouin, dont l’assemblage sera terminé d’ici la fin de l’année, sera livré en 2022. Le troisième, le Tourville, est en cours d’intégration à côté du Duguay-Trouin sur le site de Cherbourg. Sur le site Naval Group de Nantes-Indret, le montage de l’appareil propulsif et du module chaufferie nucléaire du quatrième, le De Grasse, est en cours. Les tronçons et les pièces des chaufferies nucléaires du Rubis, le cinquième, et du Casabianca, le sixième, sont en cours d’usinage respectivement sur le site Naval Group de Cherbourg et sur le site Naval Group de Nantes-Indret.
Les infrastructures de la base navale de Toulon ont été modernisées pour être en mesure d’accueillir ces sous-marins de nouvelle génération. « Nous sommes prêts et très fiers d’entretenir le Suffren à Toulon », souligne Vincent Vimont, Directeur du Programme de Maintien en Conditions Opérationnelles des SNA à Naval Group.
Ce chantier, dont les études de définition ont débuté en 2014, a mobilisé plus de deux cents personnes issues de Naval Group et des quinze sous-traitants impliqués. Deux autres bassins vont également être modernisés durant les années à venir. Les équipes du site de Toulon, spécialisées dans le maintien en conditions opérationnelles, se sont formées aux nouvelles spécificités techniques du sous-marin, à l’utilisation des nouvelles installations et sont aujourd’hui qualifiées pour assurer les opérations de maintenance à venir du Suffren.
Les essais du Suffren ont été conclus avec succès et ont démontré ses performances à la mer
« Nous avons réussi à optimiser la phase d’essais à la mer dans un planning de six mois, dont cent jours en mer ! A titre de comparaison, sur les sous-marins de type Le Triomphant cela représentait quinze mois ! C’est la première fois qu’un navire en neuvage est apte à naviguer deux fois sur une période d’un mois en continu pendant sa phase d’essais à la mer. Cela a permis de démontrer l’endurance du sous-marin à notre client. Pour gagner en efficience, nous avons réduit le nombre d’essais et optimisé les sorties en mer », explique Philippe Nezondet, responsable des essais du Suffren au sein de Naval Group.
Les essais à la mer impliquent donc, sous le pilotage de la DGA et la conduite du navire par la Marine nationale, de vérifier les capacités du sous-marin et la conformité aux spécifications du navire pour aboutir à la qualification de la conception des sous-marins de ce type. Ils représentent pour un sous-marin nucléaire une phase intense de validation des installations du bord. Les opérations conduites progressivement en plusieurs campagnes d’essais ont permis de s’assurer notamment de l’étanchéité en immersion et de la manœuvrabilité du navire, des performances du système de combat, des armes tactiques et de tous les équipements de haute technologie embarqués dans cette nouvelle génération de sous-marins nucléaires d’attaque. Ces essais se sont entre autres conclus par les tirs de missile SM39 le 23 septembre et de missile de croisière naval (MdCN) le 20 octobre. La présence du MdCN est un atout majeur de ces SNA par rapport à leurs prédécesseurs : les futurs sous-marins de la Marine nationale pourront désormais effectuer des tirs depuis la profondeur et atteindre une cible à terre à plusieurs centaines de kilomètres. Cette nouvelle capacité garantit la supériorité technologique des navires de la Marine nationale.
Fiche technique du SNA de type Suffren
- Déplacement en surface : 4 600 tonnes
- Déplacement en plongée : 5 200 tonnes
- Longueur : 99,5 mètres
- Diamètre : 8,8 mètres
- Armement : missiles de croisière navals, torpilles Lourdes filoguidées F21, missile antinavire SM39 modernisé, capacité de mouillage de mines
- Propulsion hybride : un réacteur à eau pressurisée dérivé des chaufferies équipant les SNLE de type Le Triomphant et le porte-avions Charles-de-Gaulle, deux turbines de propulsion, deux turbo alternateurs et deux moteurs électriques
- Equipage : 65 personnes + commandos
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