Innovation : se projeter vers un autre avenir avec le Blue Shark

Adeline Cunin

06 décembre 2022 Innovation Story

Lors du salon Euronaval 2022, Naval Group a présenté son dernier concept ship, le Blue Shark, un navire de combat de premier rang écoconçu qui combine hautes performances au combat et impact environnemental réduit. L'innovation responsable au service des marines est au cœur de ce projet, que nous présente Adeline Cunin, architecte navale avant-projets.

Quelle a été la genèse de ce concept-ship ?

Adeline Cunin : Nous avons travaillé en partenariat avec la direction Technique et Innovation (DTI) pour intégrer les derniers éléments de recherche « verts » disponibles pour une frégate capable d'intégrer une force navale dans le cadre de combats collaboratifs de haute intensité. Comme l'a indiqué son directeur, Éric Papin, nous considérons qu'il faut intégrer les questions environnementales comme des tremplins vers des atouts et innovations à fort potentiel pour les marines. Chaque technologie retenue s'accompagne donc de gains opérationnels, l'augmentation des performances globales (vitesse, discrétion, autonomie...) étant l'objectif. Résumé en une phrase, il s’agit de mettre le vert au service du gris.

Fin 2021, nous avons pris la décision de mettre en avant ce navire éco-conçu auprès de nos clients à l'occasion du salon Euronaval : c'était une autre façon de leur présenter nos savoir-faire en tant que concepteurs de navires militaires, tout en nous projetant vers un autre avenir, plus respectueux de l'environnement. Blue Shark est donc une vitrine pour présenter ces technologies de maturité diverse, toutes n'ayant pas nécessairement vocation à être présentes sur un même navire.

Parmi les gains à la fois « gris et verts », certains touchent à la vitesse : lesquels ?

Adeline Cunin : Nous avons opté pour un profil de monocoque stabilisé : une carène fine encadrée de flotteurs. Cette ligne hydrodynamique permet de réduire la résistance à l'avancement, donc la consommation d'énergie, ce qui améliore l'autonomie du navire pour ses besoins opérationnels. Le Blue Shark peut aussi opérer par des états de mer sévère.

Le robot nettoyeur de coque contribue en outre à améliorer sa vitesse, en plus de limiter les rejets de substances toxiques ou d'espèces invasives.
L'utilisation de matériaux composites pour la superstructure du navire permet non seulement de l'alléger mais aussi de fonctionnaliser les parois (en y intégrant des senseurs, par exemple), donc de gagner de la place. Et La modularité de la construction, ainsi que l’utilisation d’outils d’anticipation de la fin de vie, et ce dès la phase de conception, facilite la maintenance et le démantèlement.

La discrétion a aussi été évoquée...

Adeline Cunin : Inspirés par l'environnement marin, le design du navire vise à réduire sa signature acoustique et la texture de sa coque, dotée de capteurs et d'une peinture intelligente, à améliorer sa discrétion.

Avec le système prévu pour le traitement des déchets, les volumes sont comprimés, l'échappement des gaz maîtrisé et le bruit réduit.
Autre atout tactique : le système de propulsion hybride, qui permet d'adapter la vitesse aux besoins opérationnels.

À travers la frégate Blue Shark et la vingtaine d'écotechnologies prometteuses qu'il intègre, Naval Group a voulu montrer que l'amélioration des performances des navires de guerre pouvait aller de pair avec une réduction de leurs impacts sur l'environnement.