Quel est votre parcours ?
J’ai rejoint Naval Group (site de Nantes-Indret) en janvier 1987 après un doctorat en Physique et une mission de 18 mois au Gabon au bureau de recherche géologique et minière dans le cadre de mon service militaire. À l’époque, démarraient les programmes du Charles-de-Gaulle et des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de nouvelle génération. J’ai développé à Indret la division Métallurgie physique, l’entité qui au sein du Laboratoire d’étude et de contrôle des matériaux (LECM), devenu Centre d’étude des structures et matériaux navals (CESMAN), réalisait alors des études sur les matériaux et leur comportement en fabrication et en service. Le terrain de jeu était grand et formidable ! Divers postes plus tard, j’interviens sur l’ensemble des programmes - toujours dans le domaine des matériaux et de leurs procédés de mise en œuvre - dès les phases amont de choix et validation jusqu’aux fabrications et expertises, tant internes qu’en relation avec nos maîtrises d’ouvrage (DGA, CEA DAM) et maîtrise d’œuvre chaufferies nucléaires (TA). J’apporte également mon expertise à des acteurs externes tels DGA, Altran, EDF ou Alstom dans le cadre d’affaires juridiques.
Quels sont les travaux marquants de votre carrière ?
Il y en a un certain nombre ! Je dirais, les travaux de R&D pour l’acquisition et la maîtrise de nouvelles techniques comme celle du soudage par faisceau d’électrons pour laquelle nous avons développé l’hypermachine d’Indret ; les premiers développements de la fabrication additive et notamment de la technique Arc-fil WAAM (Wire Arc Additive Manufacturing) pour la réalisation de pièces métalliques 3D de grandes tailles qui a abouti récemment à la fabrication de l’hélice du chasseur de mines tripartite Andromède. J’ai aussi porté l’intégration de la simulation numérique du soudage (SNS) qui est maintenant présente directement sur certains sites du groupe : une belle aide à la fabrication ! Et, bien sûr, un des plus importants : le développement du pressuriseur tout acier inoxydable pour les chaufferies Barracuda et SNLE de troisième génération (SNLE3G).
Qu’est-ce qui vous a animé tout au long de votre carrière ? Quels conseils donneriez-vous à ceux qui prennent la relève ?
Ce qui m’a passionné toutes ces années c’était de suivre les évolutions des matériaux et des procédés suite aux choix que nous faisions, notamment pour les chaufferies nucléaires, et de transmettre et partager ces connaissances aussi bien en interne qu’avec le public (plus de 50 publications, plus de 2500 lectures, plus de 270 citations). Un travail qui s’inscrit dans la durée. Depuis longtemps, j’ai fait mienne la maxime « Ce que l’on comprend, nous appartient » (André Malraux) faisant de la connaissance la clé de la richesse de la vie, et ce quel qu’en soit le domaine. À ceux qui dirigent, je dirais qu’il faut faire montre de patience et faire confiance aux ingénieurs pour leurs travaux de recherche, que ceux-ci aient la liberté de s’y impliquer pleinement.