La solution de réparation retenue consiste à jonctionner l'arrière de la Perle avec l'avant du Saphir, SNA retiré du service actif en 2019. Comment s’est organisée l’opération de jonction ?
Sylvain TIRAND: La Perle est arrivée début janvier sur le dispositif de mise à l'eau (DME) du site de Cherbourg, où le Saphir l'a rejointe mi-février.
La préparation des zones de découpe et de jonction des deux navires par les équipes toulonnaises a démarré dès le mois d'octobre à Toulon pour la Perle et dès novembre à Cherbourg pour le Saphir. Ce travail a consisté à retirer et démonter les matériels présents dans la zone de découpe afin de préserver leur intégrité physique pendant l'opération.
Les équipes ont également effectué les contrôles électriques et lignages de tous les câbles ainsi que la réparation des collecteurs qui permettront de faire la jonction entre l’arrière de la Perle et l’avant du Saphir.
En parallèle, depuis début novembre, nous menons les travaux classiques d'une Indisponibilité pour entretien et réparation (IPER) : démontages et travaux sur la coque.
En février et mars, les équipes de Cherbourg ont procédé à la découpe des deux sous-marins – ces opérations se sont très bien passées. Elles ont ensuite déplacé les tronçons des navires grâce à un système de marcheurs et les ont alignés en vue de leur jonctionnement (soudure de la coque épaisse), qui vient d’être réalisée sur le DME.
En juin, la Perle sera mise à l'eau pour rejoindre le site du Homet, où se dérouleront les opérations de raboutage et de reconstitution du navire. Il fera son retour à Toulon début novembre pour terminer son IPER.
Quelles sont les compétences mises en œuvre par ce chantier ?
Sylvain Tirand: L'ensemble des ressources du groupe est sollicité pour ce chantier de réparation, en particulier, au sein de la direction Services, d’une part dans le domaine de l’ingénierie afin de réaliser en amont les études de conception de la nouvelle maille et de produire au plus vite les OM associés et d’autre part dans le domaine de la production pour industrialiser puis réaliser les travaux coque, mécanique et électricité définis pas les équipes d’ingénierie. Il requiert les compétences uniques et rares du domaine sous-marin, ainsi que celles de nos partenaires toulonnais.
Mais pour le mener à bien, c'est l'engagement qui compte avant tout : nous avons autant besoin de nos « vieux experts » que de nos collaborateurs plus jeunes ou moins expérimentés ! C’est également l’engagement des équipes de la construction neuve et celles du MCO (maintien en conditions opérationnelles) qui travaillent main dans la main pour la réussite de ce chantier.
Comment s'organisent la coordination avec les équipes de Cherbourg et le travail des équipes déportées ?
Guillaume Romain : Malgré une forte coactivité, la coordination est excellente. Tous les matins, les chefs de chantier de Cherbourg et Toulon et les représentants de tous les corps de métiers passent en revue les travaux du jour.
Le chantier rassemble entre cent et cent-cinquante collaborateurs, partenaires locaux inclus, selon les périodes. Présents sur la base du volontariat, ils travaillent en 2x8 ou 3x8, samedi matin compris, à neuf-cents kilomètres de chez eux jusqu'à l'automne 2021 : leur engagement et leur enthousiasme pour réussir ce projet sont exceptionnels !
Un avion est affrété tous les vendredis et lundis matins pour leur permettre de rentrer chez eux tous les quinze jours et sur le chantier, des aménagements ont été créés pour leur accueil : une base-vie comprenant vestiaires, bureaux, réfectoires et salle de coordination de chantier a été installée.
Quelles sont les tâches réalisées par les équipes de Toulon ?
Guillaume Romain: Les équipes toulonnaises ont réalisé les opérations de préparation à la découpe. En parallèle, ils poursuivent les travaux de restauration de coque nécessaires à la réparation. A l’été, ils auront en charge le raboutage des liaisons et la reconstitution des ponts et cloisons internes. Au retour de la Perle à Toulon, ils poursuivront les travaux de fin d’IPER (Indisponibilité pour Entretien et Réparation).
Guillaume Romain
